La fragilisation budgétaire et la concentration médiatique, menacent l’indépendance de l’audiovisuel public et la qualité de l’information. Cette crise est d’autant plus profonde qu’elle est accélérée ces dernières années par l’essor des réseaux sociaux et des nouvelles sources d’information en ligne.

Aujourd’hui, le secteur des médias est marqué par une forte concurrence dominée par quelques géants : 10 personnes possèdent 90% des médias français. Alors que le financement par la publicité progresse de manière continue, Google, Facebook et Amazon détiennent désormais plus de 50% du marché mondial de la publicité.

En France, une commission d’enquête sénatoriale à laquelle j’ai participé a mis en lumière la concentration médiatique et ses conséquences sur la liberté de la presse. La défiance populaire à l’encontre de ceux qui nous informent n’a jamais été aussi grande : 62% des Français ne feraient pas confiance aux journalistes, et 41% des Français s’informeraient prioritairement via les réseaux sociaux. La défiance des citoyens envers les responsables publics et les médias a atteint son paroxysme. Elle alimente aussi bien le complotisme que l’abstention.

Pour défendre l’accès à une information de qualité, il est urgent de renforcer la gouvernance démocratique des médias, de limiter leur concentration, et de stabiliser leurs financements publics.

Pourtant, le groupe LR vient de faire adopter une proposition de loi qui accélère la concentration des médias en encourageant une nouvelle fois la fusion entre TF1 et M6, et en favorisant Canal+ dans la diffusion des évènements sportifs majeurs. Pire, après la suppression de la redevance l’été dernier, la création d’une holding réunissant quatre acteurs de l’audiovisuel public affectera les moyens destinés à la réalisation des missions de service public. Cela pourrait également fragiliser les auteurs et les cinéastes alors que 40% des droits perçus par les auteurs de la SACEM proviennent de sociétés publiques…

L’urgence est au renforcement des moyens d’informer, non à la restriction budgétaire. L’information de qualité a un coût, mais il est inférieur au prix démocratique de la désinformation.