Mon intervention lors de la discussion générale des missions Médias, livre et industries culturelles et Avances à l’audiovisuel public : 

Mme la Présidente, Mme la Ministre, Messieurs les rapporteurs, mes chers collègues,

Cette année 2020 a été très dure pour les médias et les industries culturelles. Les moyens attribués à ces secteurs sont essentiels pour la démocratie, la citoyenneté et l’expression du pluralisme. D’autant plus à l’ère des fakes news, avec les difficultés de la presse que nous connaissons et de la concentration des médias. Nous tenons à saluer l’augmentation du budget du PLF 2021 de 4,8% sur cette mission, mais celle-ci risque d’être insuffisante face aux enjeux.

La récente création du Centre national de la musique (CNM), doté d’importants moyens supplémentaires, va permettre de soutenir fortement le monde de la musique, très impacté par la fermeture des salles de concert et des lieux festifs.

Cependant, Madame la Ministre, nous vous demandons de rester vigilante sur la répartition de ces aides, afin de ne pas favoriser certains types de musique plus que d’autres. Je pense particulièrement aux musiques actuelles et électroniques qui peinent à entrer dans les cases, alors qu’elles représentent près de 18% du chiffre d’affaires de la musique. Il est indispensable de soutenir toutes les musiques sans distinction pour conserver la diversité musicale française, qui participe de notre rayonnement culturel.

Concernant le programme 180, les efforts budgétaires consentis à la presse et aux médias sont plus que bienvenus. Nous saluons aussi les aides accordées à la presse en ligne. Mais une refonte de ces aides est plus que nécessaire !

D’abord pour une meilleure défense du pluralisme, essentiel à notre démocratie, notamment vers la presse ultramarine qui est en voie d’extinction. Puis, pour de meilleures garanties de l’indépendance de la presse, qui est détenue par quelques grands groupes, subventionnés sans contrepartie alors même qu’ils sont souvent adeptes de l’évasion fiscale !

En cette année de confinements successifs, c’est la culture version « numérique » qui a pris le dessus. Et l’outil HADOPI est plus que jamais obsolète et dépassé. Pourquoi ? Parce que l’industrie culturelle s’est adaptée à l’usage des internautes, qui se tournent de plus en plus vers des plateformes de streaming légale, sans avoir besoin de la menace de sanction par HADOPI. Un outil qu’il faut penser à réformer.

A côté de cela, les radios locales et les radios associatives ont grand besoin de soutien. La crise sanitaire accentue leurs difficultés alors que leurs recettes étaient déjà en baisse constante. Les radios associatives sont les grandes oubliées du plan de relance et nous avons déposé un amendement pour y remédier, en fléchant une partie du budget d’HADOPI.

Enfin, j’en viens à l’audiovisuel public. C’est là que le bât blesse. Comment réussir à prendre le tournant du numérique avec de fortes contraintes de baisse de budget ? Comment atteindre l’objectif de remporter l’audience chez les jeunes, tout en programmant l’arrêt de France 4 ? Comment proposer une offre diversifiée et de proximité via France 3 ou France Bleu alors que France Télévision et Radio France sont contraints à une diminution de 20% de leurs effectifs d’ici 2023 ?

Nous regrettons également la fermeture des antennes locales de FIP à Bordeaux, Nantes et Strasbourg alors que l’on connaît leur rôle dans la promotion de la vie culturelle de proximité. Tout comme les maires de ses villes, je vous ai adressé, Madame la Ministre, un courrier en ce sens et l’urgence est là car la programmation de la fermeture est prévue le 31 décembre.

Par ailleurs, je tiens à saluer tous les employés de France Télévisions et de Radio France, mais aussi d’Arte, qui, malgré de fortes contraintes budgétaires, arrivent encore à proposer des programmes de qualité et conforter leurs audiences – c’est-à-dire qu’ils arrivent à faire plus alors qu’on leur donne toujours moins. A ce rythme de coupe budgétaire, je ne vois pas comment l’audiovisuel public parviendra à maintenir cette qualité de programmes.

Le groupe écologiste dénonce aussi l’arrêt de la diffusion de France Ô. Les habitants des départements et territoires d’outre-mer représentent 3,26% de la population française. Pourtant, aujourd’hui, ils ne sont plus visibles qu’à 0,4% sur le service public télévisuel. Le compte n’y est pas ! Le constat est le même pour la représentation des femmes et des minorités. Il est indispensable d’instaurer plus d’obligations légales contre toutes les discriminations et de mener une politique qui va dans ce sens.

Le groupe Ecologiste – Solidarité et Territoires votera pour le budget Médias, livre et industries culturelles même si nous craignons qu’il reste insuffisant pour permettre de faire face au contre-coup de la crise sanitaire. En revanche, considérant le manque d’ambition pour l’audiovisuel public, nous ne voterons pas le budget de cette mission.