Samedi 8 octobre, j’ai visité l’usine Yara à Ambès qui produit du nitrate d’ammonium, un engrais à destination de l’agriculture intensive. Ce site industriel est classé SEVESO seuil haut.

Cette visite ne m’a pas rassurée sur les risques industriels dans notre département. En France, près de 180 sites stockent du nitrate d’ammonium en grande quantité et 16 sont classés SEVESO seuil haut. L’usine Yara d’Ambès peut stocker jusqu’à 66 000 tonnes d’engrais simples solides à base de nitrate, jusqu’à 2 000 tonnes de nitrate d’ammonium en solutions chaudes et jusqu’à 25 000 tonnes d’ammoniac.

Des sites industriels d’une telle ampleur présentent des risques, comme nous le rappellent les explosions de l’usine AZF à Toulouse en 2001 et du port de Beyrouth en 2020. Si le site d’Ambès est régulièrement contrôlé et qu’aucun incident majeur n’est à déplorer, il faut rester vigilant. En 2 ans, Yara a reçu 4 mises en demeure de la part de la Préfecture afin d’améliorer ses dispositifs de sécurité. Les risques sont d’autant plus importants que la presqu’île d’Ambès concentre sept entreprises classées SEVESO. Sans oublier que le nombre d’inspecteurs n’a cessé de fondre ces dernières années.

Lors de ma visite, la direction a évoqué le souhait de décarboner leur production via la création d’un ammoniac « vert » en utilisant des énergies renouvelables. Cette volonté va dans le bon sens mais je reste dubitative, car ce procédé est extrêmement énergivore. D’autant que le produit final est au service d’un modèle agricole intensif aux lourdes conséquences environnementales et sociales. Je regrette également les 120 camions qui sortent de l’usine chaque jour, alors qu’il y a une ligne de chemin de fer qui arrive au cœur de ce site industriel.

Enfin, je reste mobilisée auprès des habitants de Macau qui subissent les nuisances sonores de l’autre côté de l’estuaire. Depuis 2008, plusieurs anomalies ont été mises en évidence. Un rapport de la DREAL de Nouvelle-Aquitaine établit que le bruit émis dépasse les seuils autorisés. Pourtant, malgré les plaintes et les pétitions, rien n’a changé.

Pour se former et se renseigner sur les risques industriels, la plateforme Notre Maison Brûle propose plusieurs outils cartographiques.